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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/173

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ner à la production un travail plus assidu ; en même temps qu’ils accumulent plus vite les instruments qui rendent leurs efforts plus efficaces[1].

La richesse consiste dans le pouvoir de commander les services de la nature. Plus s’accroît ce pouvoir, plus s’accroît la tendance à la distribution égale et à ce que chaque membre de la société se présente le front haut, en homme, devant ses semblables.

§ 2. — La taxation est nécessairement indirecte à cette époque. Cette nécessité diminue à mesure que s’élève la proportion de propriété fixée, relativement à celle qui est mobile.

À la naissance de la société, les contributions requises pour le maintien de la sécurité sont en forte proportion comparées à la propriété des individus composant la communauté. D’où se tirent-elles ? D’où peuvent-elles se tirer ? La propriété immobilière n’existe point, — le faible capital consiste en bétail, en porcs, en grains, en esclaves et autres utilités et objets mobiliers. — D’où il suit qu’à cette époque nous voyons le seigneur exerçant son pouvoir sur l’application du travail et de ses produits, — arrêtant la circulation sociétaire afin de pouvoir prélever la part du lion sur les services ou objets qui s’échangent. Selon la saison, il requiert le service personnel dans la ferme, ou sur la route, ou sur le champ. Un jour il arrête le grain que l’on porte au moulin, un autre jour la farine que l’on porte au four ; puis c’est la laine qu’il empêche d’arriver chez le fabricant, et enfin le drap qu’il empêche d’arriver à celui qui désire s’en vêtir. À un moment il se fait apporter la monnaie d’or et d’argent de bon poids, — et il la paye en une autre monnaie qui pèse moins, — et puis il refuse la monnaie légère et force ses sujets de lui acheter celle qui a le poids, recourant à l’escroquerie lorsqu’il n’ose piller ouvertement.

À mesure que s’accroissent la richesse et la population et que s’établit la diversité des professions, la proportion du capital mobile au capital fixé tend constamment à diminuer, d’où il suit que la terre et le travail sont en hausse, les utilités en baisse ; que l’homme gagne en liberté et que ses maîtres s’enrichissent. Le pouvoir de s’interposer décroit constamment, les monopoles du moulin et du four disparaissent, seigneurs et maîtres sont de plus en plus forcés de considérer la propriété fixée comme source de revenu. Le serf alors devient un tenancier — qui passe contrat avec

  1. Dans le monde social, comme dans le monde physique, le mouvement tend à l’accélération constante, — l’attraction croissant en raison de la résistance qui diminue.