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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/179

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n’avoir pris de valeur aucune, par suite de cette disparition de la population libre. Il en résulte que le gouvernement est, pour ce qui regarde le revenu, dans la situation exacte indiquée en haut du diagramme. La nécessité d’arrêter les produits du travail dans leur trajet du producteur au consommateur s’est accrue en raison de l’avilissement de la valeur du travail de la terre. Les mines de toute nature deviennent la propriété de l’État le droit de les exploiter devient un privilège qu’il faut payer cher. Des droits d’importation et d’exportation, — des droits pour introduire les produits de la campagne dans les villes, des péages sur les rivières, droits sur la vente aux enchères, des droits de locomotion pour les biens meubles de toute sortes, marquent la dernière époque de l’histoire de la république, et l’époque tout entière de l’empire. Les esclaves ne peuvent changer de maître, la propriété ne peut changer de main par testament ou par donation, sans acquitter une taxe. L’élévation du bétail, la consommation du sel sont des privilèges pour lesquels on doit payer à l’État. On ne peut consommer d’eau, on ne peut l’évacuer sans acquitter un droit dans les deux cas. Point de chose si ignoble qu’elle puisse échapper au percepteur, pour peu qu’elle promette d’ajouter au revenu que réclame le maintien d’un système sous lequel le travail et la terre ont perdu leur valeur, où l’esclavage a remplacé la liberté[1].

§ 5. — Taxation indirecte de la Hollande, de la Turquie, de la Sicile, et d’autres pays qui vont tombant de plus en plus sous la dépendance du trafiquant.

Si nous passons à l’Europe moderne, la Hollande se présente comme le pays qui, dans les temps récents, s’est le plus consacré au trafic, et le moins à favoriser le commerce. La terre y a été divisée de bonne heure, les sols riches y ont été amendés à côté des manufactures qui se multipliaient, et le commerce s’est accru rapidement. Vient la soif du trafic qui supplante le besoin d’une marine et de colonies, et l’histoire de ce pays n’offre plus qu’une

  1. « Des nuées de publicains étaient postés à l’entrée des ports, à l’embouchure des rivières, aux débouchés des vallées et taxaient impitoyablement les marchandises. Ils joignent même souvent à leurs remises de percepteurs les profits du monopole de certains articles de consommation. Il n’y avait aucune limite légale aux chiffre des impôts, devenus tellement élastiques entre les mains de ces fonctionnaires, que le cultivateur ne pouvait jamais savoir exactement sur quelle part de ses produits il avait le droit de compter. » Blanqui. Histoire de l’Économie politique, vol I, p. 95.
      Pour l’étude de l’histoire des impôts romains, nous renvoyons à M. de la Malle, Économie politique des Romains, vol. II, liv. X.