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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/184

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de plus en plus grand de commander les services du travailleur. Après quoi quelque lent que soit le cours des choses, elles ne peuvent manquer d’aboutir au rétablissement des rapports de maître à esclave.

Les maisons de pauvres une fois pleines, et le paupérisme devenant de plus en plus la condition habituelle d’une proportion croissante de la classe des travailleurs ; il fallut compter avec les faits. M. Malthus l’essaya. Rejetant la simple explication fournie par Adam Smith[1] : il imagina une grande loi de la nature pour rendre compte d’effets affectant pour cause l’action de l’homme. Comme la politique du pays, pendant plus de trente ans, avait tondu à l’asservissement du travailleur, par ceux qui, étant riches, n’ont pas besoin de travailler, toutes ces théories et ces mesures tiennent l’une à l’autre. L’année qui suivit celle ou le riche propriétaire de la terre — abondante en houille et en minerai — eut la faculté à peu de frais, de libérer de l’impôt sa propriété ; cette même année vit rendre une loi qui défendait aux ouvriers mineurs d’aller au dehors chercher, pour leurs services, cette rémunération qui leur était refusée sur les lieux. C’était, en réalité, imposer une taxe personnelle au bénéfice du riche et du puissant, au moment où ce dernier trouvait à se libérer de toute taxation pour le maintien de cette sécurité de la personne et de la propriété, qui est si importante.

Depuis lors on a marché constamment dans cette direction, — celle d’enrayer les rouages du commerce, au bénéfice de ceux qui trouvent à vivre sur le trésor public. On entassa taxes sur taxes, jusqu’à ce qu’elles eussent atteint, comme dit Sidney Smith, chaque article qui entre dans la bouche, ou couvre le dos, ou se place sous les pieds ; taxes sur chaque objet qui récrée la vue, l’ouïe l’odorat, le goût, le toucher ; taxes sur la chaleur, la lumière, la locomotion ; taxes sur tout ce qui est sur terre, et dans les eaux et sous la terre ; taxes sur tout ce qui vient du dehors ou qui croit dans le pays ; taxes sur les matières premières ; taxes sur chaque surcroît de valeur qu’y ajoute l’industrie humaine ; taxes sur la sauce qui développe l’appétit de l’homme et sur la drogue qui le remet en santé ; sur l’hermine qui décore le juge et la corde qui pend le criminel ;

  1. Voyez précédemment, vol. p. 4l6