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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/209

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CHAPITRE XLIV.

DE LA CONCENTRATION ET DE LA CENTRALISATION.

§ 1. — La concentration tend à développer les facultés individuelles, à augmenter le pouvoir d’association et à favoriser le commerce.

La population de la vallée heureuse débute dans le travail cultural par les pentes des hauteurs qui la séparaient du monde extérieur. Si nous l’étudions à ses premiers pas dans un état social, nous trouvons une famille accidentellement disséminée çà et là, — cultivant les sols pauvres et maigres — tout en ayant sous les yeux d’autres sols riches de toutes les qualités requises pour rémunérer libéralement le travail. Mais la nature est alors toute puissante et l’homme pauvre est faible. Il doit entrer en lutte avec elle sur les points où elle aussi se montre faible. — C’est là qu’elle peut le moins pour le bien, et par la même raison c’est là aussi qu’elle est le moins capable de résistance.

La famille se multiplie, il s’accumule de la richesse, nous la voyons descendre lentement pas à pas vers le fond de la vallée — et sans sortir de son sein. La culture s’étend, — les facilités de communiquer s’accroissent — la jeune population est de plus en plus en mesure de s’associer — et vient la tendance de relier les différents établissements par des mariages. La population s’accroissant davantage, les professions se diversifient. — Les fils du cultivateur se font serruriers et tanneurs, tailleurs, chapeliers, maçons et charpentiers, tisserands et fabricants, et comprennent de plus en plus l’avantage qui résultera du développement de commerce. Les échanges deviennent d’année en année plus nombreux — la petite communauté va se complétant de plus en plus, et devenant de plus en plus