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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/232

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§ 11. — L’absentéisme du capitaliste et l’augmentation de concurrence pour la vente du travail sont les conséquences nécessaires de la centralisation.

Les idées que nous venons d’exposer au sujet de la centralisation et de sa conséquence nécessaire, l’absentéisme diffèrent entièrement de celles de M. Mac Culloch. — En effet cet écrivain déclare, « qu’il lui est impossible de voir pour le peuple d’Irlande, le moindre avantage à résulter d’une consommation domestique de cette part des produits du sol qui revient au propriétaire comme rente ; » et il ajoute : « si vous avez une certaine valeur échangée contre des utilités irlandaises dans un cas, vous avez une certaine valeur échangée contre elles dans l’autre cas. Le bétail s’exporte pour l’Angleterre, ou bien on l’abat dans le pays. S’il est exporté, le propriétaire obtiendra en échange un équivalent en utilités anglaises, s’il ne l’est pas il obtiendra un équivalent en utilités irlandaises ; ainsi, dans les deux cas, le propriétaire vit sur le bétail ou sur la valeur du bétail ; et soit qu’il vive en Irlande ou en Angleterre ; il est évident que la population irlandaise a la même somme de ressources pour subsister[1] »

Avec ce bétail cependant le propriétaire achète des services à Paris, à Rome, ou à Londres, — activant ainsi la circulation dans la ville qu’il a adoptée pour sa résidence, et par là économisant la force humaine, qui est elle-même un capital. En retirant le bétail d’Irlande, il ralentit dans une proportion correspondante la circulation irlandaise et occasionne une déperdition de capital. Pourquoi l’absentéisme a-t-il tant d’importance dans les griefs de l’Irlande ? Parce que la centralisation politique a transféré à Londres la demande de force intellectuelle. — Parce que la centralisation trafiquante a transféré dans le Yorkshire et le Lancashire, la demande de force intellectuelle et physique. — Parce que toutes deux ont coopéré pour l’anéantissement de cette demande des énergies potentielles de l’homme, faute desquelles ses facultés doivent reste sans développement. — Parce qu’elles ont coopéré aussi pour augmenter la taxe dévastatrice du transport — et ont amené la nécessité d’épuiser les pouvoirs du sol, et par là diminué la pro-

    devient apoplectique et tout périt. Que sera-ce donc si, en abandonnant les provinces à une sorte de dépendance directe et n’en regardant les habitants que comme des régnicoles de second ordre, pour ainsi dire, si, en n’y laissant aucun moyen de considération et aucune carrière à l’ambition, on attire tout ce qui a quelque talent dans la capitale ? » Marquis de Mirabeau, cité par Tocqueville.

  1. Enquête, par la commission, sur l’état de l’Irlande. Session de 1825.