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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/274

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ne donne lieu à conclure que la congélation et l’ulcération étaient nécessaires comme réprimant positifs ou préventifs d’une énergie excessive de sécrétion. La constitution humaine menacée d’épuisement par une déperdition accidentelle de ses fluides vitaux, peut, pour sa propre défense, doubler, tripler et quadrupler son pouvoir producteur, dans une direction quelconque ; mais ce taux d’activité vitale dans une direction, la loi de la formation, appelle-t-il correctif et guérison[1] ?

La vie végétale nous présente les mêmes phénomènes, — et fournit par analogie des conséquences analogues en faveur de notre raisonnement. L’arbre à sucre, l’érable en pleine vigueur, ponctionné pour la première fois, ne donne qu’une demi-livre de sucre dans

  1. Dans le cas d’une fracture d’un os, d’une blessure, la nature se départit de la régularité de sa marche ordinaire, dans le but de réparer le mal. Une preuve évidente qu’il en est de même dans le phénomène de la reproduction, ce sont les changements dans les proportions des sexes que l’on observe en étudiant les tableaux des naissances. Les guerres de Louis XIV et de Louis XV ont causé un grand déficit dans le chiffre des hommes comparé à celui des femmes, et cependant, au commencement de la révolution, les proportions normales étaient rétablies. Les guerres de la Révolution et de l’Empire ont causé une telle déperdition d’hommes, que dans l'an IX, il y avait, du côté des femmes, un excédant de 725.225. Plus tard, l’excédant s’accrut en 1820, le chiffre des hommes était plus faible de 868.325. Peu à peu, cependant, l’excédant déclina. Voici les différences à quelques époques successives:
    Années _______
    1835 619.508
    1840 420.921
    1845 316.332
    1850 193.252

    _______Guillard, Statistique humaine, ch. VII.

      Dans la période décennale qui se termine en 1840, les naissances mâles de Philadelphie excédaient les naissances femelles d’une moyenne de 6.29 p. Néanmoins, l’année 1833, donne un excès de naissances femelles, et cet excès se trouve dans les mois qui correspondent aux conceptions qui ont eu lieu pendant que sévissait le choléra en 1832. La diminution des conceptions mâles dans cette période n’est pas moindre que 17 p. %. Les mêmes phénomènes se sont observés à Paris ; — l’excès des naissances mâles en 1832 est dans la proportion habituelle, tandis que dans le mois de 1833 qui correspond, pour la conception, à décembre 1832, où le choléra sévissait avec le plus de force, il y a excès de naissances femelles. Comme preuve que cette différence est certainement due à l’influence du fléau, c’est que dans les arrondissements qui n’en ont point eu à souffrir, il y a généralement un grand excès de naissances mâles, tandis que dans ceux qui ont le plus souffert les naissances femelles prédominent. — Emerson. American Journal of the Medical Sciences, July, 1848.