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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/304

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que nous en expliquions les causes aussi clairement ou non. Ces hommes, comme les animaux de proie, ont besoin, pour fournir à leur subsistance, d’un territoire cent fois plus grand que les hommes et les animaux de mœurs pacifiques, — et les lois d’adaptation spontanée se conforment à ce que le cas exige. — Leur vie est une vie de fatigue excessive entremêlée de périodes d’une énergie épuisée, d’un dénuement qui met à bas. Le peu de rapports sociaux que leur état politique comporte tend plutôt à réprimer qu’à cultiver les affections. — Le ton des sentiments qui prédominent est défavorable à l’impulsion sexuelle, tandis que la vigilance et l’esprit constamment éveillé qu’exigent les difficultés et les hasards de la chasse coutumière, aussi bien que les fréquents conflits avec les sauvages, leurs voisins, donnent, et cela très-nécessairement, une grande force additionnelle aux autres causes qui forment antagonisme à la fonction de reproduction.

Les manouvriers de notre civilisation imparfaite, au contraire, emploient leur force musculaire sous une excitation nerveuse très faible, — l’action de leurs forces intellectuelles restant au plus bas point qu’il soit possible à des créatures raisonnables. Le chasseur, nous l’avons vu, a besoin d’agilité, d’astuce, de vigilance, de courage, de résolution morale, qualités dont l’exercice fait de rudes appels à l’appareil cérébral. Aussi l’homme sauvage, personnifié dans l’Indien de l’Amérique du Nord, se distingue-t-il de l’esclave et du paysan par une imagination active, une humeur libre, des sentiments élevés, un haut style d’éloquence, — indiquant un cerveau actif et vigoureusement trempé. Il y a plus, son agilité même est une modification de l’action musculaire exigeant combinaison et coordination si rapides et si précises, qu’elle demande pour l’exécuter la tension la plus forte du système nerveux. Cette tension constante du système nerveux, sensitif, mental et coordinateur, bien appréciée, nous explique le manque de sentiment sexuel, et cela en conformité entière avec les idées générales qui sont notre point de départ. C’est ainsi que la mythologie grecque a fait de Diane la déesse de la chasteté et l’a représentée sous les attributs significatifs de la patronne de la chasse. Dans les jeux publics de la Grèce, nous voyons que le commerce sexuel était regardé comme incompatible avec les rudes exercices qu’on y pratiquait, aussi l’interdisait-on aux athlètes pendant la durée de l’entraînement. L’at-