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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/331

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Si nous passons de la nourriture au vêtement, nous trouvons partout des fraudes du même genre. — Le pauvre travailleur achète des chemises auxquelles une profusion d’amidon donne l’apparence d’un tissu solide. La filasse et le coton ont fourni pour beaucoup les matériaux de son paletot de laine. Il en est de même pour le fer : — le rebut des temps passés s’emploie à fournir les diverses nations de la terre de matériaux pour chaudières à vapeur et pour rails, de qualité tellement inférieure que la vie des voyageurs se trouve compromise, et qu’il y a désappointement de tons leurs calculs pour ceux qui se sont trouvés obligés de se servir d’un tel fer[1].

Comment se fait-il qu’il y ait manque de telles choses ? Comment se fait-il que sur un globe qu’on peut dire presque inoccupé, les hommes aient à souffrir, quand toutefois ils n’en meurent pas, du manque d’aliment, de vêtement, de combustible ? Pourquoi ne bâtit-on pas plus de maisons ? pourquoi n’extrait-on pas plus de houille ? pourquoi ne produit-on pas plus d’aliments ? La réponse est dans ces simples propositions : — que la production augmente avec le rapprochement entre les prix des denrées premières et des utilités achevées, lequel suit toujours le rapprochement du consommateur et du producteur ; qu’elle diminue lorsqu’il y a écart plus prononcé et que c’est cette dernière tendance qui existe chez toutes les nations qui marchent à la suite de l’Angleterre, c’est-à-dire à peu près le monde, — à l’exception de quelques parties, par nous mentionnées, de l’Europe du Nord et de l’Europe centrale. Dans ces dernières, l’offre de subsistance est en avance sur les demandes d’une population qui s’accroît ; dans les autres, nous trouvons les phénomènes dont on s’autorise pour appuyer la doctrine Malthusienne de l’excès de population, — la tendance chez elle étant vers la centralisation, l’esclavage et la mort.

  1. « Dans plusieurs travaux qui ont attiré notre attention, nous regrettons de trouver que les tôles de chaudière laissent à désirer beaucoup plus de force. Nous tremblons pour les conséquences, lorsque ces tôles seront soumises au rude service que les bouilleurs sont parfois appelés à faire dans notre pays et en Amérique. — Les constructeurs de chaudières doivent tenir pour certain qu’il est impossible de faire une bonne tôle aux prix auxquels on les leur fournit aujourd’hui. La rage pour le fer à bon marché nous inspire les plus graves appréhensions, et nous désirons soulever contre elle un grand cri d’alarme. La sûreté on le danger de centaines d’existences dépend souvent de la qualité excellente ou inférieure d’un morceau de fer d’un pied de long. » — Engineer. London, July 1858.