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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/340

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tout ces cas, le premier homme est faible pour l’attaque, — et la nature est forte pour la résistance. D’année en année il acquiert plus d’aptitude à combiner avec son voisin, ce qui augmente de plus en plus ses pouvoirs, et fait déchoir la résistance de la nature. Chaque pas dans son progrès, à partir du jour où il a dompté le cheval jusqu’à celui où il apprivoise la force électrique, le met plus parfaitement en mesure de tourner contre la nature ce qu’il est parvenu à s’approprier de ses grands pouvoirs. Il est constamment occupé à battre ses portes, à renverser ses murailles ; — celle-ci, de son côté, les entend s’écrouler en poudre autour de ses oreilles, et cela avec une rapidité qui s’accroît d’heure en heure.

À chaque pas dans cette voie, la quantité de force musculaire requise pour le travail rural diminue. — L’intelligence se substitue par degré au bras, qui d’abord fut employé sans aucune assistance. L’un et l’autre ont plus de pouvoir pour cultiver les sols riches dans les régions tropicales comme dans les régions tempérées du globe. Où l’un s’arrêtera-t-il ? L’autre s’arrêtera-t-elle jamais ? Se peut-il que la partie la plus riche du globe doive rester à jamais complètement inutile ? Cela doit faire doute pour ceux qui croient que rien n’a été créé en vain, et qui trouvent, dans l’utilisation constamment croissante de ces matériaux dont la terre est composée et des produits variés de la terre, la preuve de cette vérité[1].

  1. « La nature tropicale ne peut être conquise et soumise que par les hommes civilisés, armés de toute la puissance de la discipline, de l’intelligence et d’une habile Industrie. C’est donc des continents du Nord que ceux du Sud attendent leur délivrance ; c’est par l’assistance des hommes civilisés des continents tempérés, qu’il sera accordé à l’homme des terres tropicales d’entrer dans le mouvement de progrès et d’amélioration universels, que l’humanité entière doit partager. » — Guyot, Earth and Man, p. 330.
      « J’ai vu un travail aussi rude, travail réel de chair et d’os, que font les citoyens du Royaume-Uni dans l’orient, aussi rude qu’il en fut jamais fait dans le froid occident, et tout cela en vivant sur du riz et du curry, — non curry et riz, — dans lequel le riz avait formé le mets réel, et le curry venait simplement en auxiliaire comme une sorte de zeste substantiel de Kitchener ou de sauce d’Harvey. J’ai vu pareillement Mores et Malabares, et autres gens des classes ouvrières de l’Inde accomplir une journée de travail qui terrifierait un porteur de Londres, un mineur, un matelot ou un laboureur anglais, et cela sous les rayons directs d’un soleil qui avait rendu un plancher de bois trop brûlant pour qu’on pût s’y tenir, avec des souliers épais, sans danser littéralement avec un sentiment de douleur, comme j’ai fait plus d’un jour sous le sixième degré de latitude. » House Words. — Ce passage est emprunté au Seaboard Slave States de M. Olmsted, qui donne différent faits recueillis