Aller au contenu

Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sous cette idée, la population des États-Unis a déjà épuisé plusieurs des vieux territoires, et elle répète la même œuvre dans le bassin du Mississippi. N’importe où vous jetez les yeux dans les pays soumis au système aurais, vous trouvez les mêmes résultats : — nécessité toujours croissante de coloniser diminution de productivité du sol, avilissement de la valeur de la terre et de l’homme.

Toutes les nations plus avancées ont cherché à se défendre contre ce système. — Elles ont, par des mesures de protection, cherché à établir cette contre-attraction sans laquelle il ne peut exister

    de l’extrait suivant d’une Revue, récemment publiée dans le Télégraphe de Bombay, de documents à cet égard :
      « Qu’un gouvernement qui fait profession d’être chrétien produise, de sa seule autorité et sous sa seule responsabilité, une drogue qui non-seulement est de contrebande, mais qui est essentiellement nuisible aux plus grands intérêts de l’humanité ; qu’il encaisse annuellement dans son trésor des millions de roupies, qui, si on on ne peut les qualifier le prix du sang, sont manifestement le prix de la déperdition physique, de la misère sociale et de la ruine morale des Chinois ; et que cependant les remontrances persévérantes de la presse, tant mondaine que cléricale, ni celles de la société ne puissent rien contre ce système inique, c’est là certainement un fait étonnant dans l’histoire de nos éthiques chrétiennes. »
      Un Américain accoutumé à recevoir de nous des représentations passionnées contre sa propre nation, au sujet de l’esclavage, serait bien excusable de nous dire avec quelque peu d’impatience : « Médecin, guéris-toi toi-même, » et de nous exposer avec amertume la triste inconséquence de l’Angleterre, qui déclame avec véhémence contre l’esclavage américain, tout en poussant à démoraliser la Chine.
      La Revue, à propos de cette déperdition de vie humaine, termine ainsi :
      « Quelle destruction sans pareille ! Les sacrifices au Jaggernauth de l’Inde ne sont rien en comparaison. Nous le répétons, l’esclavage seul est comparable en horreurs avec ce monstrueux système d’iniquité. En écrivant, nous nous sentons confondu devant l’énormité de son immoralité et l’immensité des désastres qu’il enfante. Son énormité elle-même semble en quelque sorte le protéger. Si le mal était moindre, il semble qu’une seule intelligence suffirait pour le mesurer ; mais il est tel que nous ne pouvons le saisir tout entier. Il n’y a pas de termes pour l’exprimer ; il n’y a pas d’indignation assez énergique, assez brûlante pour en faire justice.
      « L’énorme richesse qu’il amène dans nos coffres est l’unique argument qui plaide peur lui. Les cris de misérables esclaves du vice sont sa seule bienvenue ; les malédictions de tout ce qui est moral et vertueux dans un empire de trois cent soixante millions d’âmes éclatent à son introduction ; les prières des chrétiens éclairés demandent grâce sur son passage ; l’indignation de tous les esprits honnêtes est son unique : « Dieu vous assiste ! »
      » Il porte avec lui la flamme et le glaive, il laisse derrière lui des banqueroutes, l’idiotisme, des cœurs brisés, des âmes perdues. Ennemi de tous les intérêts de l’humanité, hostile aux humbles vertus de la terre, en guerre ouverte contre l’inépuisable bienveillance des cieux, puissions-nous bien tôt avoir à nous réjouir de son abolition ! »