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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/383

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tion politique contrariant l’influence de cette décentralisation sociale qui tend à élever la condition de toute la population de l’Empire, tant mâle que féminine. — D’énormes impôts aident à construire une cité centrale aux dépens des districts ruraux, ce qui donne lieu au petit nombre qui se partage les dépouilles, de vivre dans la profusion, tandis qu’ailleurs les femmes et les mères souffrent par manque du plus strict nécessaire.

Dans l’Europe du centre et du nord, la tendance est partout dans la même direction ; — la terre se divise, — l’homme gagne en liberté, et la femme, prenant une place plus élevée dans l’échelle sociale, à mesure qu’augmente le pouvoir de commander l’usage de la vapeur et des autres forces de la nature, on voit le goût, l’adresse, les yeux, les doigts du sexe faible se substituer à la force purement musculaire de l’homme. C’est aujourd’hui la tendance en Suède, en Danemark, en Belgique, dans le nord de l’Allemagne, dans la Russie, tous pays qui suivent la trace de Colbert et de la France. Dans tous, à l’exception peut-être de la Russie, le droit de la femme à posséder sa propriété séparée, aussi bien que le droit d’exercer ses reprises sur les biens du mari, à la mort de celui-ci, est pleinement reconnu. Dans aucun, néanmoins, la femme n’occupe encore sa véritable situation ; — l’œil du voyageur est à chaque pas offensé par le spectacle de femmes succombant sous des fardeaux disproportionnés à leur force, ou faisant telle autre besogne qui serait beaucoup mieux le lot des fils ou des maris.

Ce que nous avions à déterminer cependant, ce n’est pas la condition actuelle de tel ou tel peuple, mais le point vers lequel tend la société quelque modéré que puisse être le mouvement. Dans tous ces pays la condition de travailler était, à une date bien fraîche encore, parente de celle de servage, — le changement que nous observons s’est accompli dans le présent siècle. À une seule exception près, tous ont été ravagés par des armées étrangères, sans compter que des guerres domestiques ont largement concouru à empêcher l’accumulation de richesse, nécessaire pour mettre l’homme en mesure de prendre sa vraie position à l’égard de la nature. L’Allemagne, en particulier, a grandement souffert des

    intérêt personnel et le même sentiment de propriété tout autour d’elle. » — Laing. Notes of a Traveller, p. 172.