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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/403

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pour l’Europe, qui s’y donnait rendez-vous ; — tandis que l’Allemagne a été, pendant des siècles, ravagée par des armées qui se disputaient quelque partie de son territoire, — c’est à peine si l’Angleterre a vu depuis la conquête la trace du pied de l’ennemi sur le sien ; et, depuis le soulèvement écossais, en 1745, elle n’a jamais entendu le coup de fusil de l’ennemi. D’après cela, on peut avoir les plus fortes raisons de croire qu’elle aura pris de beaucoup l’avance sur le continent pour émettre le sentiment de responsabilité au sujet de l’éducation convenable de la jeunesse, et pour prendre les mesures qu’il peut suggérer. — Néanmoins, le contraire a tellement eu lieu que c’est ici que nous trouvons la terre se consolidant, la centralisation progressant, en faillite complète du gouvernement à établir aucun système d’éducation, à l’instar de ceux du nord et du centre de l’Europe. Les conséquences, M. Kay nous les expose ainsi : « Des enfants qui naissent dans la classe pauvre, en Angleterre, le plus grand nombre ne reçoit pas l’ombre d’éducation ; le reste, pour la plupart, ne mettra jamais le pied que chez une dame ou à une école du dimanche. Dans les villes, ils sont à l’abandon jusqu’à l’âge de huit ou neuf ans, polissonnant par bandes dans la fange des ruisseaux, pendant que les parents sont au travail quotidien. Dans ce vagabondage à l’époque de la vie où les impressions sont les plus vives et se retiennent le mieux, ils contractent des habitudes de saleté, d’immoralité, de désordre ; ils se complaisent dans des vêtements souillés et en lambeaux ; ils apprennent à marauder, à voler ; ils se lient avec des garçons qui ont déjà été en prison, et que de mauvaises relations ont endurcis au crime. Ils prennent à s’accabler de jurons affreux, à se battre, à filouter au jeu, à fainéantiser et consumer les heures dans des passe-temps vicieux. Ils n’apprennent rien que le vice ; Ils n’ont jamais de contact avec des gens valant mieux qu’eux ; personne qui leur enseigne les vérités de la religion, ou même quelque moyen d’améliorer leur condition dans la vie. Leurs plaisirs sont aussi ignobles que leurs habitudes. Une débauche trop infâme pour être nommée, les liqueurs spiritueuses, qu’ils commencent à boire dès qu’ils ont pu attraper un pence pour en acheter, le vol, le recel, des tours de force grossiers et dégoûtants, voilà ce qui charme leur existence. L’idée d’aller à des réunions musicales, comme on fait en Allemagne dans la classe pauvre, les ferait pouffer de rire,