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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/405

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lent les rues de Londres, et qui n’entrent jamais dans une école : est pas d’eux dont il est question ici.

Maintenant à quoi s’occupent, comment logent ces petits misérables, quelles sont leurs habitudes ? Sur 1.600 qui passèrent devant la commission, 162 avouèrent qu’ils avaient été en prison une ou même deux, et quelques-uns plusieurs fois. 116 s’étaient enfuis de chez leurs parents ; 170 couchaient dans les lodging-houses (dortoirs publics) ; 253 n’avaient vécu qu’en mendiant ; 216 n’avaient ni bas ni souliers ; 280 n’avaient ni chapeau, ni casquette, pour coiffure ; 101 n’avaient pas de chemise ; 249 n’avaient jamais dormi dans un lit, la plupart ne se rappelaient pas même y être jamais entrés ; 68 étaient des enfants de condamnés[1].

L’effet d’un système sous lequel la consolidation de la terre va croissant, tandis que la population est forcée de chercher un asile dans les villes, se montre à plein dans un rapport sur la paroisse Saint-Gilles, dont nous citerons ce passage. « Votre commission a donné ainsi un tableau détaillé de la misère humaine, de la mal-propreté, de la dégradation, tableau dont les principaux traits sont un disgrâce pour un pays civilisé ; et votre commission a des raisons pour craindre, d’après des lettres publiées dans les journaux, que ce ne soit là que le type de la condition misérable des masses de la société entière, tant de celles qui habitent les chambres petites

  1. « Dans White-Chapell et Spitafields, » dit le Quarterly-Review, ils forment une fourmilière ; mais c’est dans Lambeth et Westminster qu’on rencontre le plus de leur activité bourdonnante. Là, les sombres et affreux passages sont encombrés d’enfants des deux sexes de trois à treize ans. Quoique pâles et hagards, ils ont une vivacité étrange et s’occupent de milles manières, excepté à rien qui puisse leur être bon et utile au prochain. Leur apparence est sauvage, leur chevelure épaisse, la saleté dégoûtante qui rend difficile de distingua la couleur de la peau à travers les haillons, leur farouche indépendance en dehors de toute surveille tout frein, frappent d’anxiété et d’horreur quiconque n’est pas familiarisé à de telles choses. Visitez ces parages en été, la puanteur vous suffoquera ; visitez-les en hiver, vous frémirez à ce spectacle de centaines de créatures qui grelottent sous un costume qui serait léger sous les tropiques, La plupart sont dans une nudité complète ; ceux qui sont vêtus semblent en mascarade ; le pantalon ne dépasse pas les genoux, la queue de l’habit descend sur les talons. C’est ainsi qu’ils courent par les rues et flânent sur le bord de la rivière à la marée basse, en quête d’un morceau de charbon, d’un bâton, d’un bouchon ; une trouvaille fait toujours plaisir. Parfois il arrive que la bande éclate en cris joyeux, et fournit au passant, s’il est d’humeur contemplative, sujet de s’étonner et de voir avec un certain contentement que la dégradation physique et morale n’a pas encore brisé tout bourgeon de leur jeune énergie. » Cité par Kay, vol. I, p. 409.