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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/435

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sont fidèles au contrat[1]. Il n’y a point là d’équitable mutualité dans l’esprit de contrat, — point de reconnaissance d’une identité d’intérêts, — ni véritable harmonie parmi les parties contractantes. La coopération tend à produire une telle unité, — tous ceux qu’elle concerne étant alors intéressés de la même manière à diriger les affaires de l’association, de façon à diminuer le frottement et à augmenter la production[2].

Il est de vérité certaine que cette prospérité générale qui, dans tout pays, résulte de la diversité dans la demande des pouvoirs humains, tend d’elle-même à amener élévation dans la quote part du travailleur dans les produits, — puisqu’elle le place dans une position plus indépendante vis-à-vis de celui qui l’emploie[3]. Il est néanmoins parfaitement évident que nous ne savons pas comment partager les résultats d’aucune entreprise entre le capital, le talent, et le travail qui ont été nécessaires, chacun d’eux et tous ayant été essentiels à la production de ces résultats. Une banque peut diviser ses profits entre ses actionnaires jusqu’à la plus minime fraction ; mais elle doit acheter le talent, l’habileté et le service de ses agents au prix que ceux-ci commandent sur le marché général. Acheter et vendre sont un conflit d’intérêts hostiles, — excluant entièrement l’idée

  1. Pour les effets de la rente argent en Angleterre, voy. précéd. vol. II, p. 74 ; vol. III, p. 578.
  2. Voy. précéd. vol. II, p. 437, pour la propriété des nouvelles banques anglaises et pour le montant des prêts. Comme règle, il y a là à peine frottement entre le prêteur et l’emprunteur, — l’un recevant comme dividende presque exactement le même taux qui est payé par l’autre comme intérêt. Telle était aussi la tendance de ce système de compagnie manufacturière par actions de New-England, qui tend si rapidement à disparaître. Rien ne prouve d’une manière plus frappante les désastreux effets de la politique présente du libre-échange que ce qui se voit aujourd’hui dans le New-England, au sujet de la substitution personnelle de grands capitalistes au lieu d’association de petits propriétaires.
  3. Smith. Wealth of Nations.
      « C’est de la grande multiplication des productions de toutes les différentes industries, par suite de la division du travail (combinaison d’action), que résulte, dans une société bien gouvernée, cette opulence générale qui s’étend jusqu’aux classes inférieures. Chaque artisan peut disposer d’une grande quantité de son produit au delà de ce qu’il lui en faut pour lui-même, et chaque autre artisan se trouvant dans la même situation, il est à même d’échanger une grande quantité de son produit pour une grande quantité, ou ce qui est la même chose, pour le prix d’une grande quantité de leurs produits. Il les fournit abondamment de ce qui est de sa compétence, et ils agissent de même à son égard, et une abondance générale se répand dans toutes les classes de la société. » — Smith. Richesse des Nations.