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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/441

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Suivant les traces de son éminent prédécesseur, M. Blanqui dit : « que l’expérience nous a déjà montré qu’une nation ne doit jamais abandonner aux chances du commerce étranger le destin de ses manufactures[1]. »

Arrivant à un des plus éminents économistes contemporains, nous le trouvons rejetant parfaitement l’idée de non-intervention du pouvoir coordonnateur — et enseignant que, bien qu’il est vrai en circonstances ordinaires que la liberté de commerce fournisse les moyens les plus certains d’augmenter le pouvoir de production, telles circonstances peuvent se présenter qui rendent nécessaire de s’écarter du principe[2]. Ailleurs il dit : « Nul n’ignore qu’il est des circonstances où le sacrifice d’aujourd’hui peut être suivi plus tard d’un bénéfice qui le compense et le dépasse. Une administration à la fois prudente et éclairée commande dans certains cas des avances aléatoires, des avances qui peut-être ne rentreront point en entier. Il n’est pas de père de famille qui, ayant de fortes raisons de croire qu’il existe dans son domaine un grand dépôt de richesses minérales, ne se crût obligé, s’il en avait le moyen, de faire des essais pour vérifier le fait et ouvrir à ses enfants cette nouvelle source de prospérité. La même chose peut être vraie d’une nation[3]. » Dans une autre occasion nous le voyons déclarer qu’il tient pour incontestable qu’il y a des exceptions au principe du libre-échange, — idée dans laquelle il aurait été plus pleinement confirmé, s’il eût réfléchi que dans toute communauté existe à l’état latent toute l’aptitude qui se voit chez les autres plus avancées ; que son développement dépend entièrement de pouvoir de combinaison ; et que là où ce pouvoir manque, le vaste trésor des facultés humaines reste aussi inutile et aussi improductif que le serait la richesse minérale dont il parle.

M. Moreau de Jonnès raconte « comment l’Italie profita de sa liberté pour créer dans ses villes libres les premières manufactures qui aient existé dans la chrétienté, — s’assurant par là un monopole de la production des soies, des laines et des armes. Et comment la guerre, ayant conduit les armées de France dans cette belle

    l’opinion de M. Say sur les résultats de la politique de Colbert tels qu’ils se manifestent aujourd’hui en France.

  1. Blanqui. Histoire de l’Économie Politique, tome II, p. 237.
  2. Rossi. tome. II, leçon 12e. — Guillaumin. Paris, 1854.
  3. Moreau de Jonnès.