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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/452

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tre les lois les plus manifestes de la nature, — et que le correctif est « le dénuement et la dégradation ; » que certainement il opérera à la fin, pourvu que nous ne nous avisions pas de contrarier son action par des mesures dictées par une humanité plausible et excusable, mais qui a la vue courte ; « ce serait nous placer entre l’erreur et les conséquences, et perpétuer la faute[1]. »

Comme une conséquence de tous ces enseignements, le mariage, nous l’avons vu, a été déclaré « un luxe » que le pauvre n’a pas le droit de se permettre. — Pauvreté et dénuement out été traités de crimes. — On a séparé des maris de leurs femmes, des enfants de leurs parents, dans le but de transformer l’assistance en châtiment. Ces mesures ont eu pour résultat qu’après treize ans d’épreuves du nouveau système, l’Angleterre compte un pauvre sur neuf habitants ; et que le système d’une législation pour les pauvres s’est étendu à l’Écosse et à l’Irlande, qui jusqu’alors n’avaient rien eu de semblable[2]. La triste expérience a ainsi conduit, nous le voyons, À une série de mesures directement contraires à celles que recommandaient les économistes. — le bon sens commun a enseigné aux hommes chargés de coordonner le pouvoir sociétaire, que l’abdication de leur part serait suivie inévitablement de la nécessité de tolérer la mendicité, et qu’il en coûterait encore plus, même qu’à présent ; « que les membres généreux et sensibles de la société payeraient la plus forte part des exigences devenues plus considérables, tandis que les gens durs et les ladres échapperaient à la taxation. Aussi longtemps qu’il continuera d’y avoir des aveugles et des sourds, des infirmes et des gens sans travail, il faudra que la société prenne soin d’eux ; et l’unique question sera si ce qui est le fardeau de tous doit être porté par tous ou jeté sur les épaules de quelques-uns. En abolissant les

  1. Edimburg Review, octobre. 1849.
  2. « L’épreuve du travail, le labor test, telle qu’on l’a appliquée, a plutôt pour caractère de rendre l’assistance désagréable et d’en dégoûter que de créer un travail intelligent. En 1835, la grande ère des actes pour la réforme de la loi des pauvres, les secours s’élevaient à 75.373.807 livres sterl., et en 1848, après treize années du régime amendé, nous trouvons., 817.429 livr. ster. pour chiffre de secours, et un neuvième de notre population recevant l’assistance. » Edimburg Review, octob. 1849.
      Pour les dix années qui ont précédé le rappel de la loi des céréales, c’est-à-dire :
    De 1836 à 1845, le chiffre de secours était 46.766.097 liv. st.
    De 1846 à 1855, il a été 58.594.087.