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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/455

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le pauvre indigène à la misérable tâche de gratter et de vendre un sol dont la puissance diminue chaque jour[1]. A-t-il quelque préférence pour un tel emploi ? Cet emploi qu’il fait de sa personne est-ce une preuve qu’il le préfère et que c’est la manière la plus avantageuse dont il pourrait l’employer ? N’est-il pas certain, au contraire, qu’il en préférerait un autre, et que le pauvre enfant dont la concurrence l’a chassé de chez lui, manifesterait une préférence analogue, s’il l’osait. Pourquoi cela n’a-t-il pas lieu ? Parce que, sous le système du laisser faire, les deux concurrents sont contraints à essayer de se dépasser l’un l’autre dans le travail, — ce qui perpétue l’esclavage là où il existe, et le répand sur les pays où il avait été inconnu jusqu’alors, précisément comme il est advenu avec les lois qui pourvoient à l’assistance du pauvre. Adam Smith ne croyait pas que les gouvernements dussent abdiquer leur pouvoir de coordonner les mouvements des membres particuliers de la société, de façon à augmenter chez tous la faculté de production. Ses successeurs le croient, — devant le résultat manifesté par le fait, que « les marchés devenus un champ de bataille jonché de cadavres d’esclaves et de pauvres, alors que les gouvernements dont la théorie est celle du laisser faire, sont forcés de passer des bills pour limiter les heures de travail et pour exercer une surveillance constante sur les lieux où les travailleurs sont employés. Regardez n’importe où, vous trouverez que le gouvernement devient oppresseur en proportion de ce qu’il a abandonné de son propre département, celui de coordonner les mouvements sociétaires, de manière à diminuer le frottement et à augmenter les pouvoirs du corps entier.

Plus loin, M. Mac Culloch émet l’opinion « que si la Grande-Bretagne, à l’aide du perfectionnement de ses machines, arrivait à pouvoir fabriquer une quantité de tissus de coton suffisante pour fournir chaque pays, et même pour abaisser le prix de tissus au-dessous des frais de production, acquérant ainsi la faculté d’appliquer au monde entier le système qui a bien réussi dans l’Inde, cela ne pourrait avoir longtemps une conséquence fâcheuse, au contraire. » Il est aussi, nous l’avons déjà vu, décidément favorable aux taxes sur la propriété circulante et décidément opposé aux taxes sur la

  1. Voy. précéd., vol. 1, p. 414.