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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/472

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transport, à ceux de l’atelier et puis à ceux de l’agriculture savante.

Subordination de spécialités à une intention générale, — diversité de fonctions et d’usages combinés de manière à composer une harmonie parfaite d’action relative, c’est à la fois le signe et la preuve d’organisation[1]. L’homme, pris individuellement, est en santé et en efficacité dans son intérieur en proportion de l’énergie et de l’exactitude que les instruments corporels de sa volonté mettent à obéir au cerveau qui gouverne, — en même temps que ceux chargés de pourvoir à sa vie automatique fournissent le support à ses pouvoirs de volonté. Subordination absolue, dans toutes les parties, à la force motrice, est le caractère constant des organisations inanimées. Toujours sur l’éveil, la machine à vapeur, l’usine, le vaisseau, toutes les parties sont dans une prompte et complète obéissance ; — leur perfection se mesure sur l’exactitude de leur subordination.

Dans les organisations sociétaires, nous avons la même loi modifiée, mais non révoquée, par la liberté qui accompagne la vie humaine, — et qui implique responsabilité envers Dieu et envers l’homme. L’équipage d’un vaisseau, — les bras employés dans une fabrique, — les milliers de bras dont se compose une armée, — sont organisés et subordonnés en vue de l’exécution du travail auquel ils doivent coopérer en commun. C’est de même dans un gouvernement civil, — la subordination des sujets étant essentielle au bien-être et au progrès de la communauté, et à ces libertés tout individuelles qu’elle limite, aussi bien qu’à l’ordre national dont elle a pour objet de garantir la sécurité. — Le plus remarquable exemple d’organisation sociétaire est celui des Hébreux dans le désert, pendant la longue période écoulée entre le passage de la mer Rouge et l’entrée dans la Terre promise.

Dans la nature, plus l’organisation est parfaite et la subordination absolue, plus il y a interdépendance harmonieuse et belle des parties. Brisez une roche, un morceau de houille, chaque fragment reste aussi parfait qu’auparavant. Coupez un polype en une douzaine de morceaux, la force vitale continue à exister dans chacun, si bien que chacun redevient un animal parfait. En pareil cas, l’homme passera vite à l’état de poussière. C’est de même

  1. Voy. précéd., vol. I, p. 58,