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Page:Carmontelle - Conversations des gens du monde, tome 1.djvu/57

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L’Abbé.

Oui, vraiment. Les efforts qu’elle fait pour rendre le sentiment, nuisent à la beauté de sa voix, l’empêchent de sortir dans toute sa pureté, & font sacrifier la musique à l’expression.

La Marquise.

Vous le croyez ?

L’Abbé.

J’en suis certain ; & quand j’entends des gens se plaindre de ce qu’ils n’entendent pas les paroles, j’ai toujours envie de leur dire : Si vous voulez des paroles, allez à la Comédie Françoise, & ne venez point à l’Opéra.

La Marquise.

Vous pensez qu’il ne faut pas entendre les paroles ?

L’Abbé.

Rien ne nuit plus à la musique.

La Marquise.

Mais, comment saurai-je tout ce que la musique peint, exprime ?

L’Abbé.

Écoutez l’orchestre ; c’est là où vous le trouverez.