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Page:Carmontelle - Conversations des gens du monde, tome 1.djvu/59

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L’Abbé.

Tout cela est dans la ritournelle exécutée par l’orchestre. Lorsque la ritournelle est finie, alors la chanteuse déploie sa voix, sans faire le moindre geste, vous comprenez la facilité avec laquelle elle peut lui faire parcourir tous les tons qu’elle doit rendre, puisque rien ne la gêne. Voilà donc comme on peut chanter admirablement la musique la plus parfaite ; mais il faut des oreilles pour l’entendre, & non pas des yeux. Plus un sens est exquis, & moins il faut de distraction : aussi je soutiens que tous ceux qui ne se sont pas formé le goût en Italie, ne comprendront rien à l’exécution de la bonne musique. Jugez, d’après cela, comment à Paris on saura jamais l’entendre & la juger.

La Marquise.

Je commence à comprendre cela.

L’Abbé.

Tous ces prétendus amateurs qui forment deux partis dont les uns admirent un Musicien & les autres le blâment, qui se querellent sans cesse, ne savent seulement pas de quoi ils parlent.

La Marquise.

Comment, lorsqu’ils sont en guerre ?…