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Page:Carmontelle - Conversations des gens du monde, tome 1.djvu/65

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La Marquise.

Vous voilà bien savante, ma nièce !

La Baronne.

Vous vous mocquez de moi, ma tante ; mais je vous réponds que cela a perfectionné mon goût pour la musique italienne, & que je n’en veux plus chanter d’autre.

L’Abbé.

Plus vous chanterez de celle-ci, & plus vous préférerez cette musique, & plus vous sentirez qu’il n’y a qu’elle.

La Baronne.

Imaginez-vous que je suis déjà si avancée, pour la manière de prononcer, qu’hier j’ai chanté trois airs de l’opéra nouveau, devant plus de douze personnes, & pas une n’a compris un mot des paroles, toutes ont cru que c’était des paroles italiennes.

La Marquise.

Mais, l’Abbé, pourquoi fait-on des opéras nouveaux sur des paroles françoises ?

L’Abbé.

Il en faut bien pour le peuple.