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Page:Carmontelle - Conversations des gens du monde, tome 1.djvu/82

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son mari, on le lui dit ; elle imagine bien qu’il va arriver furieux, mais elle ne s’en embarrasse pas le moins du monde. Effectivement, il approche, tout essoufflé, ne se possédant pas de colère ; il veut parler, elle lui éclate de rire au nez ; sa fureur augmente, & il veut la faire descendre de cheval.

La Baronne.

A sa place, je n’y aurois pas consenti.

La Comtesse.

Au contraire, la voilà qui repart plus vite que la première fois.

La Baronne.

Ah ! fort bien !

La Comtesse.

Cependant, bientôt après elle s’arrête, & elle revient au-devant de lui, pour lui dire, ne croyez-vous pas que je veux monter à cheval pour aller au pas ? Non, Monsieur, voilà comme je compte toujours mener mes chevaux. Eh bien ! Madame, reprit-il, ce ne sera pas les miens que vous menerez comme cela ; voilà une bête dans un joli état ! Eh bien ! Monsieur, voilà quelque chose de rare ! je vous jure que je ne vous demanderai plus jamais de chevaux. A l’instant elle saute à terre, & lâche son cheval en lui donnant un coup de fouet. Le