Aller au contenu

Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
LES FEMMES

— Et n’est-il pas bien douloureux de voir souffrir quelqu’un qui nous aime, et que nous avons aimé, sans pouvoir soulager son tourment ?

— Bon ! on est toujours sûr qu’il guérira un jour, et puis, quand on en aime un autre on oublie aisément les maux que l’on cause, on ne pense qu’au malheur de n’être pas aimé de ce qu’on aime ; aussi c’est le plus grand de tous.

— Mais on espère toujours vous ramener, on vous persécute.

— D’ailleurs, on peut me regarder comme un mauvais juge en pareil cas.

— Par quelle raison ?

— C’est que les gens à sentiment doivent penser que c’est le cœur seul qui doit juger une pareille question, et que le mien n’y est pour rien, ce n’est que mon esprit qui me fait décider.

— Quoi, Madame, vous n’avez pas d’idée exacte d’une vraie passion, vous ne vous en croyez pas capable ?