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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/206

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LES FEMMES

délicat pour avoir été flatté de vous voir si vivement aimé ; mais, amour-propre à part, son sentiment lui appartient en entier, votre présence n’a fait que le développer sans même que vous le sussiez. Tout ce que vous saviez, c’est qu’elle redoutait d’avoir une passion ; jugeant combien elle devait être capable d’aimer, son cœur vous a tenté : il était flatteur de vaincre ses craintes ; mais cela vous a-t-il été bien difficile ? Vous ne sauriez penser que vous l’avez séduite. Avec une ame moins honnête que la vôtre, vous vous trouveriez sans nuls reproches. Plaignez-la, vous devez être sensible à ses maux ; mais vous avez au moins la consolation de ne les avoir pas causés.

— J’en serais au désespoir et je ne me le pardonnerais jamais.

— Ne vous laissez donc pas abattre par la douleur ; revoyez le monde. Vous avez appris qu’on n’est pas toujours