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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/238

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LES FEMMES

— J’allai donc chez elle. En me voyant elle me dit : « Écoutez-moi, j’ai bien fait des réflexions, depuis que je ne vous ai vu ici. Je crois que vous n’avez guère pensé à moi.

— Voilà, je vous l’avoue, l’idée la plus injuste du monde ; car le même soir, j’allai à l’Opéra et je me dis en voyant le ballet : Voilà de jolies danseuses ; mais elles n’ont pas cette taille que j’admirais tantôt. Vous n’avez ni corps ni corset, vous, Madame.

— Fi donc ! je n’ai que ma chemise et ma robe.

— Eh bien ! oui, voilà ce qui fait le charme ! c’est le nud qu’on aperçoit au travers de ce qui le voile. La souplesse des mouvemens se découvre, et voilà cette grâce que je chercherais ailleurs cent ans inutilement.

— Je vois que c’est le naturel qui vous plaît, qui vous attache et que vous désirez.