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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/69

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CHAPITRE XXIII.

— Oui, si elle était aimable et capable d’aimer.

— Vous n’avez donc eu jamais d’autre sentiment que celui de l’amitié ?

— Je vous demande pardon, Madame ; mais au milieu des charmes les plus brillans, on peut rarement espérer de trouver une ame sensible.

— Pourquoi donc cela ?

— C’est qu’il semble que la nature a tout mis d’un côté et rien de l’autre.

— Voilà une belle opinion que vous avez là des femmes qui ont des charmes.

— Mais je crois qu’elles renonceraient plutôt à avoir un cœur sensible qu’à leurs charmes.

— Pourquoi donc ?

— Parce qu’elles aiment mieux être admirées qu’aimées. Une belle femme aimera mieux perdre son amant que de perdre le moindre de ses attraits, et je ne la blâme pas ; les attraits revien-