Aller au contenu

Page:Carmontelle - Les Femmes, tome III.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
CHAPITRE XXXVI.

veux longs, comme ceux des ambassadeurs de Tipoo. Je calculai le temps et je jugeai que ce pourrait bien être M. de Ricion qui serait déjà de retour avec sa femme. J’eus quelques remords de m’être si peu occupé de madame de Ricion, en imaginant qu’elle n’avait peut-être pas cessé de penser à moi et de m’aimer comme elle me l’avait promis. Je me sentais trop coupable, pour oser former le projet de la revoir ; et si elle m’avait oublié, je trouvais qu’il y avait de la barbarie à moi de l’exposer à rallumer des feux qui feraient son malheur. Je résolus enfin de n’y plus penser et j’y pensais sans cesse et malgré moi ; l’espoir de la revoir semblait rallumer ma passion pour elle. Madame de Polevère se trompa au sentiment qui m’occupait ; elle croyait que c’était son amour qui me manquait, et elle me parlait de son amitié avec une passion qui ne devait plus me laisser rien à dé-