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Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 2.djvu/331

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M. D’ORBEL.

Si ; quand on en était aimé, il est douloureux de la perdre ; mais on ne pleure pas toujours ; & il y a plus de quinze jours que Madame de Grand-Pré est morte.

M. D’ERVIERE.

C’est donc bien long, quinze jours ?

M. D’ORBEL.

Oui, pour de la douleur.

M. D’ERVIERE.

Hé bien, ce pauvre Grand-Pré pleurera long-temps, lui.

M. D’ORBEL.

Tu la pleureras peut-être plus long-temps, toi.

M. D’ERVIERE.

Moi, je l’aimois beaucoup.

M. D’ORBEL, en souriant.

Je le sais bien ; voilà pourquoi tu as la complaisance de la pleurer avec lui ; mais il faut que tout cela finisse.

M. D’ERVIERE.

Tu ne crois donc pas qu’il la regrette sincérement ?

M. D’ORBEL.

Je ne sais pas ce que je crois là-dessus.