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Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 3.djvu/326

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cir, son amitié pour moi me fait tout espérer. Je sors, je cherche sa demeure ; un vaste hôtel, une suite nombreuse m’assurent qu’elle jouit de l’état le plus brillant, j’applaudis à son bonheur, mon cœur le partage & me fait penser que je vais l’augmenter en la revoyant. La simplicité de mon vêtement jette dans l’erreur celui qui me conduit, il me mene chez les femmes de Julie, je me fais annoncer sous ton nom, pour jouir de sa surprise & de toute la joie qu’elle aura de me revoir. J’entre, je lui parle ; mais, Dieux ! son ame n’est plus sensible au son de ma voix ; à peine daigne-t-elle me regarder. Que voulez-vous, me dit-elle ? Sa froideur me pénétre de douleur, la force m’abandonne, je ne puis répondre ; elle réïtére ses questions. Voyez, lui dis-je avec peine, c’est Pauline, n’êtes-vous plus Julie ? Pauline ! Pauline ! reprend-elle séchement, qu’on lui donne un siége, & laissez-nous. Je respire, je me flatte qu’elle va se jetter dans mes bras ; mais continuant avec la même indifférence, dans quel état vous voilà ! que vous est-il donc arrivé ? D’éprouver ce que l’ingratitude a de plus affreux ! de ne voir en vous qu’une ame hautaine au lieu d’une ame sensible que j’espérois y trouver : je vous