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Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 4.djvu/283

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pour jouir de toute la délicatesse, de toute la sensibilité de votre ame.

Mad. DE LA BRUYERE.

A quoi bon me flatter ? Je suis bien-aise que vous ayez bonne opinion de moi, certainement ; mais convenez que vous seriez fâché de me voir de l’orgueil ?

M. DE LA BRUYERE.

Je ne vous en crois pas capable.

Mad. DE LA BRUYERE.

Et moi, je craindrois d’être toute prête d’en avoir, étant louée par vous.

M. DE LA BRUYERE.

Pourquoi ne pas louer ce qu’on aime, pourquoi ne pas lui rendre justice ?

Mad. DE LA BRUYERE.

Ah ! parce que lorsque l’on aime, on peut s’aveugler sur l’objet de son amour, & en lui supposant une perfection aussi grande, on peut l’empêcher d’acquérir la véritable. Quand on est bien content de soi, on est bien près de mériter de ne plus l’être.

M. DE LA BRUYERE.

Pourquoi cela ?