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Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 4.djvu/346

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plus pour moi, si vous ne me donnez l’espoir de pouvoir vous mériter un jour ; oui, je vais percer ce cœur que vous croyez qui a pû vouloir vous offenser ; c’est une erreur où il n’a point de part ; rien au monde ne peut lui tenir lieu de vous ; sans vous, la vie ne peut que m’être odieuse ; mes torts n’ont servi qu’à me faire connoître que je perds tout en vous perdant.

La MARQUISE.

C’est vainement que vous tenteriez de vouloir me persuader ; votre cœur vous avoit trompé, vous aviez crû pouvoir m’aimer toujours, vous pouvez le croire encore dans ce moment ; mais mon malheur ne seroit que retardé, si je me rendois à vos instances, si je pouvois vous rendre mon cœur.

Le COMTE, aux pieds de la Marquise.

Quoi ! vous avez pu réellement cesser de m’aimer ? Ah ! Madame ! je ne le saurois croire, je connoîs trop la délicatesse de votre ame, & cette derniere action m’a bien prouvé que vous ne vouliez point ma perte. Regardez-moi, Madame, regardez-moi, je vous en supplie ; si vos yeux sont d’accord avec votre bouche, cet instant sera le dernier de ma vie.