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Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 4.djvu/69

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La MARQUISE.

Eh, le puis-je, Baron ? Vous savez le procédé du Comte. Presqu’au moment de m’épouser, il me trahit, l’ingrat ! & pour qui ?

Le BARON.

Pouvez-vous croire que son cœur ait eu part à cette erreur ? Non, Madame : vous n’avez pas voulu savoir tout ce qu’il en a souffert, il a bien expié son crime ; si vous aviez été témoin de son repentir, du délire où l’a plongé sa douleur, je ne dis pas l’amour, mais la pitié seule, vous auroit rendue sensible à tant de maux. Après la maladie qu’ils lui ont occasionnée, la convalescence, bien loin d’avoir des charmes pour lui, en lui rendant ses forces, faisoit chaque jour renaître ses tourmens. Je me suis tû, tant qu’il m’a paru coupable ; mais un si vif repentir m’a prouvé qu’il méritoit sa grace. Oui, Madame, vous avez fait justice ; mais vous devez pardonner.

La MARQUISE.

Quoi ! vous pouvez me donner ce conseil ? Je vous croyois mon ami…

Le BARON.

C’est pour vous-même que je vous le