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Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 6.djvu/46

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AGATHE.

Mais, maman, je me porte bien.

La Mere ROUGEAU.

Une fille ne se porte pas bien quand elle a un amour malheureux dans le cœur ; je le sai, je m’en souviens ; & si je n’avois pas épousé votre pere, vous ne seriez pas-là, car je serois morte.

AGATHE.

Est-ce que je me plains ?

La Mere ROUGEAU.

Vous ne vous plaignez pas ; mais avec cet amour-là, je sais bien où le bat vous blesse. J’ai crû que tout cela se passeroit, & voilà pourtant six ans que cela dure. Je vous aime ; mais je vous dis que ce sont des folies, encore une fois.

AGATHE.

Ah, s’il m’aimoit !

La Mere ROUGEAU.

Et, quand il vous aimeroit, Monsieur de Bourclos, croyez-vous qu’un homme qui est Seigneur d’une terre de dix mille livres de rente, voulût vous épouser ?