Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome II.djvu/37

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Le Chevalier.

Eh bien, comme par le choix qui seroit fait de vous la succession m’appartiendroit entièrement, vous venez de vous engager à accepter le revenu de ce bien que, dans ce cas-la, je dois posséder toute ma vie, & je vous jure ici de ne prendre jamais aucun engagement qui puisse m’ôter la liberté de vous en laisser la jouissance ; mon emploi m’a suffi jusqu’à présent, il me suffira encore.

Le Comte.

Puis-je consentir a vous dépouiller ainsi entièrement de ce qui devroit vous appartenir, & ne serai-je pas trop heureux de posséder l’objet de vos vœux & des miens ?

Le Chevalier.

De quel bonheur jouirez-vous tous deux au sein de l’indigence ?

Le Comte.

Et qui pourra vous dédommager de tout ce que vous perdrez ?

Le Chevalier.

Le plaisir d’adoucir une loi trop rigoureuse & de vous faire jouir d’un bonheur dont le sort avoit résolu de me priver.