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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome III.djvu/199

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La Marquise.

Mais, Monsieur…

Le Vicomte.

Faites-moi, je vous prie, la grace de m’entendre, Madame ; vous savez combien je vous suis attaché : vous êtes belle, spirituelle, généreuse ; je vous reprochois tantôt votre indifférence, votre insensibilité, je ne connoissois pas votre cœur ; il sait aimer avec vivacité, avec délicatesse ; ces nouvelles qualités que je découvre en vous, vous embellissent encore ; une ame tendre rend la beauté plus touchante, il est impossible de lui résister ; enfin, Madame, oserai-je vous le dire ? Vous venez de me rendre jaloux de mon Neveu, & c’est cette jalousie qui m’apprend à quel point je vous aime ; j’ai cru que c’étoit la pitié qui me parloit pour vous, en apprenant que vous aviez le malheur d’aimer un ingrat & je me trompois, c’étoit l’amour.

La Marquise, se récriant.

Que dites-vous, Monsieur ?

Le Vicomte.

Oui, Madame, je vous aime à la fureur ; il vous faut une distraction aux maux que vous souffrez, une consolation ; j’espère que vous