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Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/123

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diminuaient fort, on résolut d’en faire de plomb mais il fallut observer la proportion du poid et du calibre. Pour cet effet on fit un moule, dans le centre duquel on mettait de petites boules de bois, soutenues par le millieu par de petites chevilles ; ce qui nous réussit. Comme, vers midi, nous laissions refroidir les canons, les assiégés envoyèrent un canot ou était le ministre, à qui M. DeTroys dit qu’il voulait absolument que la place lui fut rendue. Le ministre lui dit qu’en pareil cas il fallait qu’il confèrât avec le gouverneur ; ainsi, s’il voulait faire la moitié du chemin avec son canot, que le gouverneur s’y rendrait ; ce qui fut effectué. Les articles signés M. D’Iberville fut prendre possession du fort. Les Anglais sortirent, le gouverneur, sa femme, son fils, le ministre, sa servante, et trente hommes ; et moi, avc nos soldats, je gardais le camp où je fis la recherche des vivres, et n’y en trouvai en tout que pour faire diner quinze hommes. M. DeTroyes qui était resté au camp avec moi, m’envoya chercher au vaisseau la dame Anglaise de qui j’ai ci-devant parlé, qui avait été guérie par un de nos chirugiens. Le détachement fut pour garder le fort, où M. D’Iberville resta commandant, qui ne suivait pas les articles de la capitulation, de quoi se sont plaint les Anglais.

Le M. DeTroys partit sans faire observer aucun ordre de route à sauve qui peut, avec très peu de vivres, c’est-à-dire de l’orge germée, avec laquelle les Anglais faisaient de la bière. Nous nous rendîmes à Montréal au mois d’octobre, où les derniers n’arrivèrent qu’un mois après les premiers.

Recueil de ce qui s’est passé en Canada au sujet de la guerre, tant des Anglais que des Iroquois, depuis l’année 1682 jusqu’en 1712.




appendice f


Le Père SILVY Jesuite, qui de Missionnaire de Sauvage étoit devenu en cette occasion l’Aumonier d’un petit corps de troupes composé de Canadiens, a si bien ramassé en peu de mots tout ce qui s’y est fait de plus remarquable, que j’ay cru devoir transcrire sa lettre du trentième de Juillet 1686.

« Ce n’a pas esté, dit-il sans bien des risques et des fatigues qu’avec l’aide de Dieu nous sommes venus à bout de nos detsseins. La route depuis Mataouan est extrêmement difficile, ce ne sont que des rapides très-violents et très-périlleux à monter et à descendre ; je fus plusieurs fois en danger de me perdre avec tous ceux qui m’accompagnoient, le charpentier Noël le Blanc, un de nos meilleurs hommes, et dont nous avions le plus besoin, fut englouti tout d’un coup sans reparaître sur l’eau. M.