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Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/132

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sin, et lui manda de lui faire savoir si les guides persistaient, et s’il espérait se rendre cet hiver ; il lui manda par les mêmes sauvages que sur la nouvelle ci-dessus ses guides avaient pris l’épouvante, et qu’au lieu de descendre, ils le menaient vers le Lac Supérieur, ce qui l’empêcherait de se rendre ici plustôt que le printemps.

Nos deux français et leur guides pensèrent mourir de faim et pour augmentation de malheur les fusils des sauvages, et un de ceux de nos gens crévèrent. La misère qu’ils eurent sur les chemins les obligea à suivre des lacs pour y pêcher, ce qui alongea beaucoup leur chemin. Ils y rencontrèrent un sauvage qui eut la bonté de leur faire un petit canot où ils s’embarquèrent le 18e. Mai (1689) environ à 150 lieus de St. Marie où ils s’envinrent seuls, conduits par une petite carte que le sauvage leur avait faite sur une écorse. Il s’éjourna un jour à St. Marie où le P. Albanel lui apprit que partie des sauvages était en guerre, et l’autre à la chasse que tous les Français avaient bien fait leurs affaires, qu’ils devaient s’assembler pour descendre en Juillet, qu’il arrivait souvent des partis de guerre qui amenaient des prisonniers, et que les Hurons devaient se retirer avec les Miamys à cause que les Français les veulent abandonner en voulant faire paix avec les Iroquois.

D’Iberville mande qu’il croit qu’il y a bien 80 à 90 hommes parmi les Anglais, et bien qu’il n’ait que 17 hommes avec lui, il espérait se rendre maître des dits Anglais.

Le 30 Juin 1689 le Sr. De Bellefeuille arriva venant de la Baye du Nord d’où il partit le 15 Avril ; il a été amené par deux sauvages d’Abitibys au travers des terres, et il est sorti par le rivière Lelièvre. Voici ce qu’il dit s’être passé au Nord depuis le départ de Martîgny au mois d’Octobre 1688.

Le Sieur d’Iberville commandant à la Baye fit réflection que s’il continuait à harceler les Anglais, il les obligerait à lever l’ancre et s’en aller à l’île Charleston qui est le seul lieu où il pourraient mettre leurs navires en sureté. Nous avions encore à Charleston les deux tiers de la cargaison du navire le Soleil d’Afrique avec six hommes qui les gardaient ; cela le fit résoudre à les laisser en repos travailler à faire une maison, et se fortifier jusqu’à ce que leurs navires fussent pris dans les glaces. Ce temps étant arrivé, d’Iberville ne garda plus de mesures (Octobre 1688). Un jour le Sr. d’Iberville se promenant avec Lamothe passant devant le fort des Anglais, ils l’appelèrent en montrant un pavillon, et le prièrent de bien vouloir vivre en paix avec eux, et qu’il n’inquiéta point leurs gens qui allaient à la chasse des perdrix, il leur fit réponce qu’il ne pouvait leur laisser cette liberté par le crainte qu’il avait qu’en leur accordant ils ne prissent connaissance de l’état où il était ; cela finit avec quelques gasconnades de la part des Anglais. Le lendemain deux Capitaines des navires anglais et un pilote sortirent