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Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/59

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lut quand a eux regagner terre a la nage, excepté le sr de la noue qui ne sachant pas nager eut plus de peine qu’eux a se tirer d’affaire. Il dessendit le rapide entresné par le courant et se seroit noyé sans des canots, que je fis descendre en diligence pour le secourir, de sorte que ces mrs en furent quittes pour un sac de viende et un de bled qui furent perdus. Ils profitèrent au surplus du beau temps pour se secher en cet endroit ou ils camperent. Cette nuit la le feu courut dans le bois qui nous incomoda beaucoup. Pour moy je continué ma routte et fus coucher plus loin.

Le 30e. de may ceux qui estoient restey derrière me rejoignirent, aiant fait trois portages dans le chemin. Ils travaillèrent un peu pour la halle apres quoy nous nous embarquâmes tous et fîmes dans cette journée en vingt cinq lieues[1] huit portages, au dernier desquels il nous arriva un accident qui n’est pas moins terrible que digne de remarque (426 bis).

Quelques uns de nos derniers canots aiant allumé du feu au rapides precedant, il courut dans le bois avec une impétuosité d’autant plus grande qu’il faisoit un fort grand vent. Les flames qu’il poussoit devant luy ne s’estendoient pas mais gagnoient toujours en longueur dans le bois, au gre du vent qui les chassoit ; elles nous parurent redoutables en ce qu’après avoir brulé le long d’un lac, avec vitesse, que nous avions passé, elles gagnerent l’endrot ou nous estions. Le danger estoit grand, parce que nos gens

  1. Il y a évidemment erreur ici ; c’est cinq lieues qu’a voulu écrire le chevalier de Troyes.