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Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/73

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nous parut fort longue, dans l’impatience ou tout le monde estoit de se voir aux mains avec les Anglois. Au petit jour, nous mimes pied a terre dans une isle, a une demi lieue de leur fort, ou nous trouvâmes le sr de St-Germain qui avoit passé la journée précédente sans menger, pour decouvrir, et pour me rendre compte de la maniere dont il estoit construit, et de ce qu’il leur avoit veu faire dans cette isle. Il me dist que leur bastiment qui avoit appareille la veille, des le matin, estoit mouillé a une lieue et demie plus bas que le fort qui avoit tiré a son départ plusieurs coups de canon, dont il avoit respondu a ceux dont ce vaisseau l’avoit salué. Cet advis joint a la proximité de l’ennemi m’obligea de faire poser un corps de garde pour la sureté de mes canots, ou je laissé le P. Silvie avec dix hommes, y compris les deux chyrurgiens. Après cela je m’applique entierement a disposer l’attaque que je meditois (434) faire de ce poste dont j’ay jugé le plan nécessaire pour donner au lecteur une idée plus parfaitte de l’action que je vais decrire.

Ce fort est composé de grosses palissades qui, sortant de terre de la hauteur de dix sept a 18 pieds, forment quatre courtines dont chaque face est de cent trente pieds. Elles sont flanquées d’autant de bastions, dont le terre plain est soustenu de deux rangs de gros pieuds entrelassey, d’espace en espace, de madriers, qui les traversans d’un rang a l’autre, semble lier & rafermir la terre qu’ils renferment, et tiennent hors d’estat de pouvoir s’ébouler. Ils estoient fort bien munis de canons. Les deux qui