Aller au contenu

Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 65 —

disposé de la sorte. Je commende d’abord du monde pour aller quérir deux canots, dont l’un portoit des pics, pelles, pioches, echelles et madriers, et l’autre, le bellier que j’avois fait faire, avec ordre de suivre les detachements qui marchoient le long de l’eau, dont la grève est fort belle a marée basse, et dont on ne peut estre incommode du fort, qui n’estoit qu’a trente pas. Je détache les srs de ste helenne et d’hyberville avec dix huit hommes pour aller insulter les flancs qui deffendoient la courtine qui fait face au bois, et ordonné le nomme la liberté[1] avec six autres, pour faire une fauce attaque, luy enjoignant de mettre trois de ses hommes a chaque flanc de la courtine de main droite du fort, dont l’un des trois couperoit la palisade, et les deux autres tireroient continuellement dans les (435) embrasures, pour incommoder ceux qui maniroient les pièces. A mon égard, je fis trois detachements de tout ce qui me restoit, et me le reservé pour mon attaque qui devoit estre la principalle attaque. Chaque detachement avoit a sa teste un sergent, à deux desquels j’ordonne de faire le plus grand feu qu’il seroit possible aux courtines et aux flancs pour (empêcher) le canon de l’ennemi de luy servir et de nous nuire, et commendé au troisiesme de faire venir le bellier et d’enfoncer la porte, pendant que je me tenois occupé a animer nos gens et a donner des ordres nécessaires en pareilles occasions. Sur cette entrefaitte le sr de ste helenne vint me demender s’il sauteroit

  1. Probablement Nicolas Vinet, dit Laliberté, fils de Jean Vinet et d’Anne Moreau, de Nantes, baptisé en 1653, et marié à Boucherville, le 18 août 1698, à Jeanne Berthaut.