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Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/77

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estoit a la face du bastion de main droite, pour la tourner contre la redoute. Mais, je fus bien surpris lorsque voulant voir si elle estoit chargée, je ne trouve rien dedans et aucuns boulets dont je puisse me servir, ce qui aurat été reparé par la diligence que nos gens apporterent a enfoncer la porte, lorsque nostre interprette Anglois m’advertit qu’ils demandoient quartier (436). J’eu pour lors, beaucoup de peine a arrester la fougue de nos Canadiens qui, faisans de grands cris a la façon des sauvages, ne demendoient qu’a jouer des couteaux. J’en vins a bout a la fin, et fis crier par mon interprete aux Anglois qu’ils eussent a se rendre, et qu’il y avoit bon quartier. L’un d’entre eux envoia l’interprete promener et termes bien insolens, adjoustant qu’il vouloit se battre et en effect voulut pointer un bastion sur nous, ce qui l’obligeant de se decouvrir un peu trop, il reçut un coup de fusil dans la teste qui le renversa mort sur la place. Il y en a qui attribuent ce coup a mr de ste helenne qui est en réputation d’estre un bon tireur. Cependant comme j’avois fait redoubler l’attaque et fait continuer le feu de toutes parts, ils crierent quartier tout de nouveau, mais le bellier avoit desja mis la porte dedans, aiant jetté une maniere de tembour par terre. Le sr d’hyberville s’y jetta incontinant, l’espée en une main et le fusil en l’autre, lorsqu’un anglois referma la porte, qui tenoit encore a ses pentures et empescha ensuitte que le reste ne suivit le sr d’hyberville qui, chamaillant hardimant de son epée sur tout ce qui se presentoit, blessa quelques Anglois au visage et lacha son coup