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Page:Carraud - Les métamorphoses d’une goutte d’eau, 1865.pdf/139

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LA GOUTTE DE ROSÉE.

dus à jamais ! car bien certainement ceux que nous retrouverons demain matin ne seront plus les mêmes.

Mais, dites-moi, je vous prie, ce que sont devenues ces belles gouttes de rosée que j’avais tant de plaisir à voir ce matin ?

— Mon enfant, ces gouttes de rosée, réduites en vapeur par la chaleur du soleil, font peut-être en ce moment partie du nuage que tu vois là-bas à l’horizon, et qui ressemble à une montagne couverte de neige brillante, pour ensuite retomber en pluie qui fertilisera la terre ; ou bien, mêlées à quelque fleuve coulant déjà à pleins bords, détermineront-elles une inondation qui ravagera les contrées environnantes. Il se peut aussi que, grâce au calme actuel de l’air, elles restent en suspension là, au-dessus de nous, pour être de nouveau précipitées cette nuit sur la terre, comme tu les as vues ce matin.

Quoi qu’il en soit, elles ne sont pas perdues, mon amie, car aucune puissance ne saurait les anéantir ; sache bien que rien ne se perd en ce monde et que tout y a son importance.

— Quoi, papa ! même ces moucherons qui dansent là-bas dans un rayon de soleil ? Pas même cette fine poussière que le vent soulève sur la route ?

— Non, ma fille : le moucheron, l’atome de