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Page:Carraud - Les métamorphoses d’une goutte d’eau, 1865.pdf/183

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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

adressé quelquefois la parole sans en obtenir une réponse ; ils se contentaient de lever sur elle leur regard triste et indécis, si bien qu’elle finit par croire, comme tout le monde, que ces deux pauvres créatures étaient privées d’intelligence.

Un jour de février, par le plus beau temps du monde, Louise, voyant les pâquerettes briller au soleil sur la pelouse, courut en cueillir pour faire une couronne ; et, tout en la tressant, elle marchait sans trop s’inquiéter du chemin qu’elle suivait. En passant au pied d’un tertre bien exposé au midi et couronné d’un buisson d’aubépine, elle aperçut une belle violette qui s’épanouissait, blottie dans un nid de mousse et d’herbes sèches et abritée par le buisson. C’était la première de la saison ! Louise se précipita pour s’en emparer ; et malgré les blessures que lui firent les épines de la haie qui semblait vouloir défendre la fleur, elle l’emporta en triomphe.

En revenant, Louise passa devant la maison de Gote. Comme à l’ordinaire, elle était assise au seuil de la porte, soutenant la tête de son frère sur ses genoux. En voyant ces deux pauvres petits, Louise se rappela qu’elle avait des bonbons dans sa poche, et les présenta à la petite fille, qui, apercevant la violette, s’élança et l’arracha des mains de Louise, sans s’occuper des bonbons que son frère mangeait avec avidité.