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Page:Carraud - Les métamorphoses d’une goutte d’eau, 1865.pdf/212

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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

goûter en ce monde, le bonheur de faire son devoir.

— Et qui donc payera cet apprentissage ? car, moi, je n’ai absolument rien !

— Moi, mon ami. »

Et comme Mme Malmont vit la rougeur monter au front du ménétrier qui ne manquait pas d’une certaine fierté, elle ajouta :

« Vous me rendrez cela plus tard. »

Pendant ce temps-là, Gote avait emmené Louise à l’autre extrémité de la chambre afin de lui demander un métier à faire la grosse dentelle pour sa mère ; et la jeune protectrice promit de lui en apporter un. À dater de ce jour, les leçons de lecture se donnèrent ostensiblement.

Louise, voyant que le ménétrier ne manquait de rien, comprit qu’il était impossible que sa petite écolière fît des économies, quoique Mme Malmont eût fait la provision de bois du ménage, et qu’elle fournît aux pauvres gens quelques secours bien déguisés.

Elle fit part de ses remarques à sa mère qui lui répondit que, l’enfant gardant le silence sur ce sujet, il fallait respecter sa réserve et ne pas l’interroger. Louise monta dans sa chambre, compta l’argent que contenait sa bourse, et après avoir pris une résolution dont elle garda le secret, elle redescendit le cœur léger et content.