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Page:Casanova - Mémoires de ma vie, Tome 1.pdf/254

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J’ai eu cinq compagnons de voyage que j’ai toujours crus corsaires, ou voleurs de profession : aussi eus-je toujours eu soin de ne leur jamais faire voir que j’avois une bourse bien garnie. J’ai toujours dormi avec mes culottes, non seulement pour la garde de mon argent, mais par une precaution que je croyois necessaire dans un pays où le gout antiphysique est commun.

1743Je suis arrivé à Naples le 16 de Septembre, et je suis d’abord allé porter à son adresse la lettre de l’eveque de Martorano. C’etoit à Monsieur Gennaro Palo à S.te Anne. Cet homme dont la tache ne devoit être que de me donner soixante ducats, me dit, après avoir lu la lettre qu’il vouloit me loger, parcequ’il desiroit que je connusse son fils qui étoit poète aussi. L’eveque lui disoit que j’étois sublime. Après les façons d’usage j’ai accepté fesant porter chez lui ma petite mâle. Il me fit d’abord entrer de nouveau dans sa chambre.

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