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Page:Casanova - Mémoires de ma vie, Tome 10.pdf/113

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tant que lui, et faire comme lui l’œuvre de chair ou avec la meme fille ou avec une autre ; et mais sur ces deux articles je ne l’ai jamais contenté qu’à demi. Ce ne fut qu’à Luques où étant allés pour voir l’opera il fit venir souper avec nous deux danseuses, dont une étoit faite pour plaire aux plus difficiles. Le chevalier qui à son ordinaire avoit trop bu ne put lui rendre qu’une petite justice ; mais je l’ai vengée, et comme elle me croyoit pere du dormeur elle me dit que je devois lui donner une meilleure education.

Après son depart qui arriva lorsque son gouverneur se trouva parfaitement gueri j’ai repris mes études ; mais allant souper tous les jours chez la danseuse Denis, qui après avoir quité le service du roi de Prusse, et même le theatre s’etoit retirée à Florence, où elle vit peut être encore. Elle avoit à peu près mon age ; mais malgrè cela elle excitoit encore à l’amour. On ne lui auroit donné que trente ans, elle avoit des graces enfantines qui ne lui me…ioient[illisible] pas, le ton de la bonne compagnie, l’esprit fort doux, et elle se mettoit tres bien. Outre cela elle étoit merveilleusement

bien logée sur la place au dessus du premier caffé de Florence ayant un balcon où dans les nuits chaudes on jouissoit d’une fraicheur qui alloit à l’ame. Le lecteur peut se souvenir de quelle façon j’étois devenu son ami à Berlin l’an 1764. La rencontrant de nouveau dans ??? qu’on rappelloit alors la pantalonnie parcequ’elle etoit fille du Pantalon de la comedie dansoit le menuet avec tant de graces que tout le