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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/32

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vous enrégimenter à son service, avec quelques autres influences montréalaises, pour diviser nos forces.

— « Laissez-moi donc faire ! réplique-t-il. Tous ces rouges de l’Université sont sans cesse à me calomnier. On me représente comme indigne de la confiance publique. Ces titres, cette chaire que m’offre une si haute autorité religieuse et sociale, c’est une réhabilitation pour moi. J’accepte ; mais six mois après, je me retire. »

Mais six mois après, M. Chapleau se sent converti au grand principe du monopole universitaire. Le voilà devenu grand apôtre de Laval. Il va même, jusqu’à se servir de son autorité de chef pour exiger de certains amis politiques qu’ils acceptent des chaires de Laval, qu’ils mettent leur influence au service de cette institution. De ce moment, il devient l’ennemi le plus acharné des droits de Montréal, dont, par sa position, il est le défenseur naturel. C’est lui qui, en vertu d’un certain contrat synallagmatique, met toutes les forces du gouvernement au service de Laval, pour lui faire conférer sur Montréal un droit qu’elle n’avait pas. C’est lui qui, se cachant derrière le prétexte d’un voyage de santé en France, va à Rome, pour y ruiner, par des affirmations fausses, la cause de Montréal.

Mais il couvre le tout du prétexte de l’obéissance passive à l’autorité religieuse !

En deux mots, il a vendu à Rome la cause et les intérêts de Montréal, comme il les a brocantés à Québec !

Laval l’en récompense et d’une manière privée et d’une manière publique, en lui obtenant du St-Siége la croix de commandeur de St-Grégoire[1]. On sait le public de Montréal si naïf qu’on ne se donne pas même la peine de lui faire croire que c’est pour ses services généraux à l’Église que M. Chapleau est décoré. Le recteur de Laval vient publiquement dire à M. Chapleau, en lui remettant ses insignes, que c’est un tribut de reconnaissance pour les services qu’il, M. Chapleau, vient de rendre à Laval…

Et la population catholique et conservatrice de Montréal applaudit ! Elle proclame ou laisse proclamer bien haut que M. Chapleau est allé en Italie travailler dans les intérêts de Montréal !…

M. Chapleau s’allie à Laval pour servir son intérêt personnel au détriment de ses concitoyens. Cela lui donne prestige, influence, décorations ! Cela lui permet d’écraser ceux qui ont eu la hardiesse de

  1. Chose étrange ! tandis que Sir H. Langevin est, comme membre du Conseil Privé et comme chef de la Province de Québec, saisi de la question de désaveu du bill Lavai et se trouve, par conséquent, le principal juge dans la question, l’Université lui décerne le titre de Docteur en Droit, après l’avoir ignoré durant 25 ans !…
    L’an dernier, M. Champagne, seul avec M. Chapleau, se détachait du groupe des conservateurs Montréalais pour présenter le bill Laval. De suite il est, lui aussi, créé Docteur en Droit !…
    Ce n’est donc guère en l’honneur de la science légale que ce confère ce titre de Docteur.
    Messieurs Chauveau, Chapleau, Champagne, Langevin ! Docteurs en Droit ! ! ! Eh ! pourquoi pas M. Starnes ?… Et M. Bergeron ?…