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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/56

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est né à Montréal, mais depuis au delà de trente ans, il résidait à Québec.

Nous pourrions continuer indéfiniment cette intéressante statistique. Québec n’avait, donc pas été négligée. Or, dans la distribution des cinq hauts emplois dévolus aux conservateurs de la Province, n’était-il pas équitable que la région de Montréal, ayant élu les quatre cinquièmes des députés conservateurs, eût quatre de ces cinq emplois ? Évidemment ! Cependant Québec eut de nouveau :

1o Le Lieutenant-Gouverneur Robitaille,

2o L’Orateur de la Chambre des Communes Blanchot.

3o M. Langevin, Ministre des Travaux Publics.

La région de Montréal eut deux de ces fonctionnaires au lieu de quatre qui lui appartenaient : Messieurs Masson et Baby.


II


Or, nos grands hommes de Montréal n’eurent pas même assez d’esprit de justice pour conserver à leur section du pays la maigre proportion qui lui était échue dans le partage.

M. Chapleau, qui faisait éliminer M. Baby et se donnait, des droits exclusifs à la succession de M. Masson, n’eut que la force ou la volonté de se ménager un de ces sièges. L’autre passa à M. Caron, malgré que huit Montréalais au moins y eussent plus de titres que lui. Personne, en effet, ne niera que MM. Lanthior, Bellerose, de Boucherville, Trudel, Girouard, Desjardins, Ouimet et Coursol n’eussent plus de droits et des qualifications supérieures à ceux de M. Caron, et que trois d’entre eux, savoir, ceux appartenant, au sénat, eussent fait triompher, par leur entrée dans le gouvernement, le principe de la représentation française au sénat et celui de l’égalité d’influence de notre province dans cette Chambre.

Quant à ne pas prendre dans notre région, il y avait encore MM. Fortin, Royal et plusieurs autres qui, tout en étant plus acceptables à Montréal, eussent servi davantage l’intérêt public.

Or, on vit bien MM. Chapleau et Mousseau faire avec ardeur la chasse aux portefeuilles pour leur compte personnel. Les vit-on s’occuper un moment de ces questions des droits de la région de Montréal ou de ceux de leur nationalité au sénat ? Pas le moins du monde ! M. Chapleau se dit sans doute que lorsque Montréal serait réduite à la dernière pénurie en fait d’influence, de patronage et de participation dans la division des hauts emplois, on l’accueillerait, lui, comme un sauveur, on apprécierait à l’instar d’un travail de géant l’œuvre d’obtenir un peu de justice pour Montréal, et que dans tous les cas, son entrée au ministère fédéral ne pourrait être entravée par les prétentions exorbitantes de certains Québecquois. Québec, rassasiée, grisée de haut patronage, ayant ses deux minis-