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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/72

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Ross, mu par une ambition effrénée, télégraphiait le six février (à Beaubien, pour envoi de la soumission Allan) : « Il n’y a pas de temps a perdre, envoyez vos documents ce soir. » (id)

C’est clair ! M. Chapleau veut donner le chemin à vil prix à son ami Senécal ! Et Ross qui pousse la trahison jusqu’à dire à d’autres acheteurs : Envoyez votre soumission : Ca presse ! Trahison contre M. Chapleau ! Evidemment !… Et n’allez pas penser pour cela que Chapleau et Dansereau avaient un intérêt personnel dans l’affaire…

De Boucherville, lui aussi, est un traître : « M. de Boucherville est, avant tout méchant. Maintenant qu’il fait le chrétien… il devient fourbe, factieux, mal engueulé, injuste, calomniateur, haineux, vindicatif, » etc…

Mais oui, puisque lui aussi combat les plans de Senécal ! Et s’il n’a pas voulu que le chemin du Nord passât par St-Lin, c’était pour « favoriser le beau-frère Lussier. » (id)

Archambault, mu par « un amour propre qui tient du vertige » se mêle à la conspiration. Pourtant : « Il n’a aucun partisan. C’est le plus dévoyé des trois. »

D’autres sont moins coupables parce qu’ils sont plus faibles.

« M. Laviolette, la créature de M. de Boucherville, n’a pas le droit de penser par lui-même » !

M. Dostaler : « type de l’insouciance, ignorant comme pas un et sans grandes ressources d’esprit. Il se laisse aller au premier courant qui passe, le jugeant tout aussi bon que le suivant. Tant pis pour ceux qui le conduisent, il s’en lave les mains ! Il n’a jamais pu savoir ce qu’est la solidarité de parti et ce que comporte l’idée du gouvernement. »

Messieurs Panot et Gingras : « Deux pauvres vieillards bien tiraillés que les meneurs tenaient en serre-chaude ». Le premier surtout « affiche les infirmités de notre pauvre humanité… Il regardait autour de lui sans se rendre compte »… (id).

Gaudet : malade, n’avait plus sa tête à lui.

Tout cela est clair puisqu’ils votaient pour l’intérêt public et surtout contre M. Senécal !…

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Voilà où l’habitude de l’impunité a conduit ces gens-là !

Ils se croient tellement maîtres du bien public qu’ils crient « au voleur ! » lorsqu’un député arrive à obtenir, à leur détriment, mais au bénéfice du public, des renseignements sur des faits du domaine public ! faits que tout le monde a le droit de connaître ! Lorsque, des hommes publics les empêchent de prendre sans façon le bien public qu’ils convoitent !

Vous croyez peut-être que M. Senécal recevait six à huit mille piastres de salaire pour servir la province ? Détrompez-vous ; il était là pour son bénéfice personnel !