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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/87

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Durant des années vous vous humiliez, vous vous prosternez, vous suppliez !… Vous demandez un peu de pain, après 40 ans de lutte ! vous offrez à l’État, pour le service civil, un fils que vous avez formé à votre image : un gentilhomme ! un fils d’une éducation parfaite, instruit, intelligent, parfaitement qualifié sous tous les rapports. Prières inutiles ! vaines humiliations ! L’on n’a rien pour vous !…

Et cependant, l’on a des sinécures de $2, 400.00 pour M. Dansereau ; l’on a des places de $1.200.00 pour ces personnages grossiers, ignorants, sans mœurs, sans honneur ! dont le nom et les occupations déshonorantes ne sauraient être écrits sans souiller notre plume !


III


Il y a plus : depuis 10, 20 ou 30 ans, vous êtes membre de nos parlements. Durant toute votre carrière politique, vous vous êtes dévoué sans réserve au parti, surtout au pays. Votre temps, votre argent, tout y a passé ! Vous avez, sans aucun bénéfice personnel, sacrifié votre fortune, même compromis l’avenir de vos enfants. Toutes les grandes luttes vous ont toujours trouvé le même : le premier au feu, le dernier au repos, jamais à la curée, luttant toujours au premier rang, sans trêve ni merci, pour l’honneur du drapeau, le triomphe du parti, la prospérité du pays. Ces triomphes conservateurs éclatants, c’est surtout à votre action qu’ils sont dus.

Avec cela que vous avez apporté dans les luttes un talent distingué, une éducation complète, une haute réputation d’honneur et d’intégrité, une grande expérience, une influence prépondérante, un dévouement sans bornes, le patriotisme le plus intelligent, le plus éclairé !

Vous aviez, autant que tout autre, plus que tout autre peut-être, droit aux honneurs, aux hauts emplois, aux portefeuilles.


IV


Mais la clique à bien vite aperçu en vous un compétiteur dangereux pour ses compères. Dès lors, elle a décidé de vous dépopulariser, de vous amoindrir, même de vous ruiner, au besoin. Elle ne vous laissera que juste ce qui est nécessaire pour vous permettre d’assurer, à son profit, le triomphe du parti.

Dans les luttes doctorales comme dans celles des Parlements, elle aura toujours soin de vous faire assigner les rôles obscurs, les questions les moins populaires, le travail le plus ingrat !

Ce n’est pas assez : elle veillera à ce que toujours ses journaux, et ils sont nombreux puisqu’elle seule a le monopole du patronage, des annonces, des jobs, etc., c’est-à-dire de tout ce qui fait vivre la presse, que ses journaux, dis-je, fassent silence sur vos actes mêmes les plus méritoires.

Vous aurez beau avoir fait des prodiges de lutte, porté glorieuse-